L’arbitre est là avant tout pour gérer le bon déroulement d’une partie entre deux ou quatre joueurs. Son but est d’aider, de s’assurer que tout se passe bien.
Pour le plaisir
- Le plaisir vient du fait que l’arbitrage est une grande école de remise en question. L’arbitre est un éternel insatisfait qui sait qu’il a toujours quelque chose à améliorer. Comment ai-je géré telle situation ? Certains se diront : « Mal, j’arrête l’arbitrage« . D’autres au contraire se diront : « Je vais essayer ça ou ça la prochaine fois. »
- Le plaisir de mieux fait également partie de l’arbitrage. Certains sont très réservés dans la vie et se transforment une fois sur la chaise. Grâce à l’arbitrage, ils développent une personnalité un peu différente, parviennent à communiquer. D’autres très autoritaires dans la vie, constatent que sur la chaise cela limite leur communication et mettent un peu « d’eau dans leur vin », pour résoudre les problèmes. Ainsi, toutes les personnalités peuvent s’épanouir.
- Le plaisir vient également de l’adrénaline que procure un match avec toutes ses incertitudes car on ne sait jamais combien de temps il va durer, personne ne connaît sa capacité de concentration sur 30 minutes ou 3 heures. Et surtout, l’arbitre vit des situations uniques, parfois non prévues par les règles, qui peuvent survenir à tout moment. On prend aussi du plaisir à arbitrer des matchs à enjeu : une finale du tournoi de votre club, même s’il y a 20 personnes dans le public, c’est un grand rendez-vous dont on est acteur. En plus, on a la meilleure place possible sur la chaise, en étant à la fois spectateur et acteur. Quand il assiste à un beau match, l’arbitre le ressent.
Un arbitre doit constamment être en éveil
- Sur une frappe de balle qui part de la raquette d’un joueur ou d’une joueuse, on ne peut pas savoir si elle va être 5 centimètres dedans ou dehors. A chaque frappe de balle, l’arbitre peut potentiellement intervenir : prendre une décision sur une balle, qu’on soit arbitre ou juge de ligne, à un haut niveau, possède un vrai impact. Et cette décision se prend en un quart de seconde.
Un match est à chaque fois une aventure, une histoire qui restera unique. On n’aura jamais les mêmes conditions, le même déroulement.
S’évaluer
- Quand un arbitre ressort content d’une partie, plutôt que de se dire « j’ai été bon« , il a le sentiment d’avoir servi à quelque-chose. Il se dit : « J’ai été juste pour tel joueur dans telle situation. Là, j’ai fait respecter le règlement dans le bon sens. »
Mais en sortant d’un match, on peut avoir le sentiment d’avoir pris de bonnes décisions et la rencontre d’après, on commet 3 erreurs. Ce qui remet les pieds sur terre. - Les joueurs sont contents d’être arbitrés car cela les dégage de cette responsabilité, ils peuvent se concentrer sur le jeu. A bas niveau, souvent, les tennismen jouent des balles fautes, notamment au service, ils ont plutôt tendance à ne rien dire. A continuer si la balle est limite. Si une finale est pour une fois arbitrée, les finalistes sont contents. Ce qui renvoie à l’arbitre cette notion d’utilité, de plaisir. Le fait d’être arbitré donne tout simplement de l’importance à un match. Les spectateurs arrives dans un club, voient un arbitre sur la chaise et se disent : « Il se passe quelque-chose« .
Un monde juste
- Contrairement à d’autres univers, l’arbitrage est un monde juste : quand on fait bien son boulot, qu’on se remet en question, il est toujours possible d’évoluer, d’obtenir une récompense. Si on s’investit, on passe des examens, il y aura toujours des portes ouvertes.
Une évolution rapide
- Comme on peut jouer un match sans arbitre à bas niveau, quand on devient arbitre, on se retrouve assez vite dans un championnat départemental (puis régional) chez les jeunes. S’il s’agit d’un tournoi dans son propre club, ce sera vite es quarts de finale, les demies ou la finale, donc à chaque fois des rencontres avec un enjeu. C’est la même chose dans les matchs par équipes. Donc il existe une pression positive. Une forme d’adrénaline, le fait que la décision prise influe sur le résultat. Il n’y a jamais de matchs qui ne servent à rien car il existe toujours des enjeux.
- Parallèlement, en tant que juge de ligne, on peut accéder non pas au bon niveau mais au très haut niveau : après un an d’arbitrage, il est possible d’aller sur un Challenger pour être juge de ligne sur les qualifications (avec des joueurs classés autour de la 200e place mondiale). Ça n’est pas encore Bercy ou Roland-Garros mais après un an, moins dans certains cas, on côtoie déjà le monde du tennis professionnel.
Les qualités requises
- Bien voir la balle, connaître les règles, la communication (annoncer assez fort les balles, le score, être capable de dire à un joueur de se calmer, faire preuve d’autorité à certains moments). Mais on fait avec les personnalités de chacun. Il faut un peu de psychologie, surtout savoir s’adapter (on n’arbitre pas de la même façon des 13-14 ans que des seniors ou des femmes par exemple)
- En revanche, si on est « borné », si on ne sait pas s’adapter, ce sera plus compliqué. Une des qualités de l’arbitre, c’est l’humilité. Car on fait toujours des erreurs. On peut aussi avoir raison mais le joueur peut ne pas être d’accord avec l’arbitre, car on n’a pas de hawk-eye (arbitrage électronique) à disposition. Il faut être capable de reconnaître ses erreurs et de faire avec pour continuer à diriger un match.
L’arbitrage au féminin
- Pourquoi y-a-t-il moins de femmes que d’hommes ? D’abord parce qu’il y a globalement moins de femmes licenciées à la FFT. Sont-elles encore plus sensibles aux premières expériences qui peuvent être traumatisantes ? Car certaines fois, des joueurs ou des joueuses se comportent mal. Cela peut arriver, il faut le reconnaître. Car le tennis génère parfois de la frustration quand on rate une balle facile par exemple. Donc le joueur le plus gentil du monde dans la vie peut « péter » un plomb, devenir agressif. Peut-être que les femmes ont plus tendance à prendre « pour elles » ce genre de comportement.
- On retrouve aussi des difficultés de la gestion humaine. Mais des femmes sont arrivées au plus haut niveau, comme Sandra de Jenken qui a été la première femme à arbitrer une finale de Grand Chelem en simple messieurs à l’Open d’Australie et quelques mois après à Roland-Garros. Elle avait sans aucun doute le même niveau que les meilleurs garçons.
Ce déficit de femmes est aussi lié à la vie de famille, au fait d’avoir des enfants, donc moins de disponibilité. Même si la société évolue.
Source : Arbitrer, ça consiste en quoi ?