Comment réussir à jouer devant du public ?

Comment aborder le fait de jouer devant un public

Il n’est jamais facile, pour un joueur, d’affronter le regard des autres, et notamment pour les plus jeunes : que ce soit un public -nombreux ou pas, agité ou pas- ou alors sa famille, bienveillante a priori, mais qui représente aussi une forme de pression pour certains. Comment, alors, gérer cette problématique du public, notamment lors des matches par équipes, où il peut parfois y avoir une « belle » ambiance ?

LE CONTEXTE  

  • Premier constat : le public, en tennis, a toujours une influence. Mais il aura un impact différent selon les acteurs :
    • très négatif pour ceux qui ne sont pas préparés à cette situation -« on est en train de me regarder, de me juger »-,
    • sans effet pour ceux qui sont capables de gérer cet élément,
    • et, plus rare, positif pour ceux qui savent en jouer ou s’en nourrir, mais on parle là le plus souvent de joueurs d’un certain niveau.
  • Pour les plus jeunes, le regard des proches est particulier car il s’appuie sur un lien affectif naturel. On a tous vu ces regards semi inquiets de certains adolescents, cherchant à être rassurés par leur clan, quasiment après chaque coup.
    • Attention ! Cela peut créer une dépendance excessive qui, au fil des années, s’avérera toxique et empêchera le joueur d’acquérir l’autonomie nécessaire aux exigences de la compétition.
    • A l’inverse, certains entourages, parfois avec les meilleures intentions du monde, mettent une pression négative sur le joueur. Sans en avoir pleinement conscience, ils vont le détourner de son ressenti personnel, de ses propres performances et de son plaisir de jouer pour le focaliser sur des notions anxiogènes de comparaison avec les autres, de classements ou de résultats.
    • Ces éléments n’étant pas sous le contrôle du joueur, il aura tendance à beaucoup stresser, se fatiguer plus vite, parfois se blesser et souvent, a terme, arrêter le tennis

Pour l’ensemble de ces raisons, il est très important que les parents restent à leur place et témoignent à leurs enfants leur soutien et leur amour inconditionnel quel que soit l’issue d’un match.

LES CONSEILS POUR JOUER DEVANT UN PUBLIC

  1. L’idée force est de ne pas donner de pouvoir au public, qu’il soit hostile ou pas. Dans le cas contraire, on va renforcer la notion d’enjeu. L’enjeu d’un public qui veut me faire perdre. Ou l’enjeu d’un public bienveillant qui veut à tout prix que je gagne. Ne pas donner de pouvoir au public signifie ne pas se laisser embarquer par un film imaginaire : « ah, ils m’en veulent ! » ;  « ils sont injustes ! » ; « mes parents seront contents si je gagne, etc… ». Ces sentiments sont souvent très forts chez les plus jeunes.
  2. Pour y parvenir, il faut se rendre responsable de ce qui est en train de se passer sur le court. Un coup droit raté, une double faute, ce n’est pas à cause du public. J’en suis responsable ! Ce n’est pas une idée toujours facile à admettre mais c’est une notion importante car c’est ce qui donne du pouvoir. Si je suis responsable de la situation, alors, je peux la faire évoluer, la corriger. C’est moi le maître, pas l’extérieur, pas l’entourage. En basculant dans ce registre, on devient extrêmement fort. Les joueurs qui assument leur pleine responsabilité ont un impact sur le public, et non plus l’inverse, et de fait, sur l’adversaire. C’est fondamental.
  3. J’accepte le point qui vient d’être joué. Pour une raison très simple : « je ne pourrai jamais revenir en arrière ». « Accepter » ne signifie pas « se résigner » mais, au contraire, arrêter le film dans sa tête qui va rejouer sans cesse un point perdu et générer une spirale négative. Accepter permet donc de ne pas se résigner, de ne pas rester « collé » à un point perdu pour se donner toutes les chances de performer les points suivants.
  4. Je recentre mon corps dans l’instant présent en respirant calmement. En permettant à mon corps de prendre conscience du moment présent, je lui donne toutes les chances d’être le plus performant possible. L’astuce simple pour y parvenir est d’activer le maximum de sens : par exemple, sentir l’odeur de la balle, savourer le goût de ma boisson même si ce n’est que de l’eau; apprécier la texture de ma serviette. Ces sensations, simples, permettent au corps de rester accroché au réel, donc au présent, et de gommer l’influence du public qui, elle, nous en éloigne. Par nos pensées négatives, par nos interprétations erronées, on devient le scénariste d’un film qui nous embarque sur une fausse piste : satisfaire l’idée que l’on se fait des attentes du public. C’est souvent une création et cette idée est plus nocive que le public lui-même. Si le public avait un réel impact sur les joueurs, il aurait le même impact sur tout le monde. Et justement, ce n’est pas le cas. C’est donc bien la preuve que c’est l’idée que l’on se fait du public qui a une influence. Le corps, lui, ne comprend que le présent. Si vous l’embarquez dans un scénario passé ou futur, il ne sera plus efficace du tout.
  5. Je concentre mon attention sur le point à venir.  Ce doit être mon unique challenge. C’est capital. Qu’on soit 30/4 ou un numéro un mondial, on a une même problématique : le point qui va arriver ! C’est le défi le plus important du joueur de tennis. Ensuite, il faut bien sûr s’appuyer sur ses qualités et appliquer un plan de jeu, si on en a un.
  6. Revenir à la notion de jeu. Le tennis est un jeu, alors il faut jouer au tennis, dans le sens premier du terme. L’enjeu doit passer après le jeu et même le « je ». Public ou pas public, je joue, je m’amuse ! Cette notion toute simple est capitale car certains joueurs sont tellement dans le stress que justement ils ne jouent plus. Et si on ne prend plus de plaisir… on perd !

Source : Mental : jouer devant un public