Comment limiter les effets du « petit bras » en match ?

Ce n’est parce que en ce moment tout le monde ne parle plus que du Coronavirus, qu’il ne faut penser qu’à cela jours et nuits.
Alors en attendant, au TC Westhouse on a décidé de patienter, tout en essayant de rester positif et donc de penser aussi à l’après-coronavirus car, comme en Chine, après plusieurs semaines d’épidémie, un jour les beaux jours reviendront et avec eux, les matchs, les tournois et les championnats…
Donc à défaut de pouvoir jouer comme on le voudrait en ce moment, voici quelques astuces pour préparer au mieux votre retour à la compétition.

Aujourd’hui nous allons aborder le problème universel qui impacte tout le monde à différents niveaux et différents degrés : « LE PETIT BRAS ! »

Jouer « petit bras »

Ah, le petit bras… Cet imposteur sournois et retors, toujours là, tapi dans l’ombre, prêt à surgir à tout moment pour venir vous pourrir un match. Nous vous proposons ici des clés pour mieux connaître et combattre cet ennemi ultime du joueur de tennis. 

Nul ne saurait précisément dater et expliquer l’origine de l’expression mais une chose est sûre : elle aura pourri la vie de générations entières de joueurs de tennis !

Normal : le petit bras est afférent à la dimension hautement psychologique de ce sport. La signification qu’on lui donne comporte d’ailleurs quelques nuances. Pour certains, jouer petit bras révèle un tempérament de gagne-petit, de « fourmi », tandis que pour d’autres, il s’agit d’une torpeur corporelle totalement involontaire.

Peu importe, au fond. Dans un cas comme dans l’autre, le petit bras est un mécanisme qui vient à un moment donné, brider votre potentiel, voire vous précipiter vers l’échec dans les cas les plus « graves », pour des raisons évidemment indépendantes de votre volonté consciente mais bel et bien nichée dans un recoin de votre inconscient.

Qu’est-ce que le petit bras ?

On l’a dit, les définitions varient parfois légèrement. Mais ce qui est sûr, c’est que le petit bras intervient « lorsque le cortex préfrontal, c’est-à-dire la partie intellectuelle, analytique du cerveau, vient se mêler de ce qui ne le regarde pas« . Ce qui ne le regarde pas, c’est-à-dire le geste qui, lui, ne doit concerner que la partie intuitive, animale du cerveau.

S’il est bel et bien utile d’être doté d’une intelligence cartésienne quand on joue au tennis, celle-ci ne doit sûrement pas intervenir au moment de la frappe ! Car on le sait bien : c’est à partir du moment où l’on commence à réfléchir que le geste devient moins fluide, heurté, parasité.

Si l’on se met à penser aux enjeux, au regard des autres, au qu’en-dira-t-on, c’est généralement le début de la fin…

Timothy Gallwey, considéré comme l’un des pères de la préparation mentale, considérait le phénomène comme un dialogue entre deux « moi » intérieurs, le « moi » doté de réflexion devant se consacrer à sa propre tâche intellectuelle et ne surtout pas venir se mêler des affaires du « moi » instinctif. Sinon, c’est petit bras assuré…

Quand survient le petit bras ?

Il peut frapper à tout moment ! Parfois, du début à la fin d’un match. Le plus souvent, seulement dans les moments importants ou à l’approche de conclure. « Il peut venir à deux niveaux

  • Le premier niveau est très lié au match
    • Il arrive un moment, souvent quand on approche de la victoire, où l’on sort de ce qu’on est en train de faire et où l’on commence à se projeter. C’est un piège de l’ego.
  • Le deuxième niveau intervient plus en profondeur
    • Parfois, selon l’adversaire et le contexte, on se sent plus ou moins légitime de gagner. On peut être victime de ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur, syndrome qui, à un moment donné, va venir provoquer l’erreur, la faute directe… »
    • Ce syndrome de l’imposteur est le même qui peut venir frapper dans la vie de tous les jours. Lors d’un entretien d’embauche par exemple, il n’est pas rare de voir des personnes se discréditer, se mettre involontairement hors-jeu, pour un poste dont elles auraient pourtant potentiellement toutes les compétences, simplement parce qu’elles ne se sentent inconsciemment pas légitimes.

Le petit bras est-il réservé aux « amateurs » ?

Non ! Il concerne absolument tout le monde, à tous les niveaux, dans tous les domaines. Oui, oui, même Federer, Nadal ou Djokovic… « C’est d’ailleurs fondamental de prendre conscience que le petit bras est quelque chose de normal et que même les meilleurs y ont obligatoirement été confrontés à un moment ou à un autre, rappelle Romain Bastide. La différence, c’est qu’ils ont l’expérience, donc ils ne sont pas surpris quand ça leur arrive et même ils l’anticipent. Si malgré tout ça leur arrive, ils ont travaillé sur des outils qui leur permettent de se remobiliser très vite, quand nous, joueurs amateurs, restons tétanisés. »

Des outils, oui mais quels outils ?

On va le voir. Mais avant tout, il convient déjà, sachant maintenant que le petit bras est universel, d’avoir une certaine compassion par rapport au sien. « Et surtout ne pas s’identifier à la personne qui joue petit brasCe n’est pas parce que ça nous est arrivé 10 fois, 100 fois, qu’on ne va pas parvenir un jour à se transformer et à développer une attitude complètement différente. »

Peut-on lutter contre le petit bras ?

Oui, c’est la bonne nouvelle. Le petit bras surgit à deux niveaux, on peut donc faire un travail à deux niveaux : « Il y a déjà un travail de fond, hors court, sur l’estime et la confiance en soi. Car même si je n’aime pas faire de généralités, le petit bras frappe la plupart du temps des personnes qui manquent de confiance en elles. Il faut s’autoriser à battre tel adversaire de tel niveau, se dire qu’avec sa valeur, son entraînement, son talent, c’est tout simplement normal. »

Ce travail, à faire seul ou accompagné, consistera aussi à trouver des outils personnalisés pour contrer le petit bras qui, malgré tout, ne manquera pas de revenir, de temps à autre, se rappeler à votre mauvais souvenir (soyez-y préparés, déjà). « Ce sont des clés de reconcentration, qui vont être propres à chacun. La respiration, la méditation, ou alors un travail sur la posture… Des clés plus classiques peuvent être de mobiliser une bonne énergie à l’intérieur de soi avec des pensées qui nous font du bien. »  Un lieu, une personne, une musique… Il suffit parfois d’un rien pour retrouver du délié.

Mieux encore, peut-on guérir du petit bras ?

Finalement, l’une des meilleures manières de faire fuir le petit bras et de concentrer son attention sur des enjeux parallèles au match : le niveau d’intensité, le placement, une tactique bien précise… « il est important d’avoir pour objectif principal de faire un match plein en terme de concentration.  Et de ne faire le bilan qu’une fois que le match est fini. La réalité, c’est qu’on a tous tendance à se projeter, et c’est là où on se met à jouer petit bras. Quand ça arrive, la première chose à faire, c’est d’en prendre conscience et de l’accepter. Rien que cela peut suffire à se « désidentifier » de ce qui se passe, et là on va pouvoir agir.« 

Vous avez en tout cas tout le bagage, désormais, pour décider les mécanismes du petit bras. A vous de savoir d’où vient le « vôtre », pour mieux trouver les parades adéquates.

Source : Comment lutter contre le petit bras en match ?